Obstacles au travail des femmes dans le secteur agricole
Etude bibliographique et institutionnelle complétée d'un panel de 27 femmes interrogées en Pays-de-la-Loire et Rhône-Alpes.Le chômage des femmes est supérieur à celui des hommes et l'écart des salaires est de 25 % en leur défaveur. La répartition des hommes et des femmes dans les différents secteurs de l'activité économique est encore inégalitaire : le secteur de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche compte moins de 31 % de femmes. Elles s'orientent dans ce secteur vers les filières de services, de la transformation ou la filière hippique, délaissant l'aménagement, l'élevage ovin ou la gestion forestière. Les actives agricoles doivent également compter sur une répartition traditionnelle des tâches très inégalitaires : tâches domestiques, éducation des enfants et travaux quotidiens sur l'exploitation. Un exploitant sur quatre est une femme, et parmi elles, 33 % ont plus de 55 ans. 16 % des femmes chefs d'exploitation ont moins de 35 ans en 2000. Tout en représentant 25 % des chefs d'exploitation, les agricultrices cultivent seulement 19 % de la surface agricole utile (SAU). Elles travaillent en majorité sur de petites exploitations de 10 à 35 hectares et en retirent des revenus plus faibles que les hommes. Le constat global d'une masculinisation du métier interroge les acteurs du secteur sur les mécanismes qui excluent les femmes du monde agricole dans lequel elles ont joué un rôle à part entière.La formation continue qui a joué un rôle déterminant dans l'histoire du développement agricole est ressentie comme insuffisamment diversifiée et insuffisamment spécialisée. Elle ne permet pas une réflexion collective comme ce fut le cas pour les "200 heures actives agricoles" fréquemment évoquées. Cette mesure, instaurée en 1976, visait à permettre aux agricultrices d'acquérir de nouvelles capacités et d'élargir leur horizon. L'examen de fin de stage, sans être un diplôme, conférait une certaine capacité à travailler sur l'exploitation et une reconnaissance de la part de l'entourage.La quasi-totalité des 27 agricultrices interrogées est investie dans des activités de diversification, d'accueil ou de services et en sont satisfaites.L'inventaire des formes statutaires (exercice de la profession en couple, entreprise sociétaire, femme chef d'exploitation) montre l'importance des discriminations et la nécessité d'une réflexion sur l'élaboration de nouveaux statuts plus favorables à l'égalité entre hommes et femmes. Une trentaine de préconisations sont formulées pour accompagner les transitions de l'entreprise familiale vers de nouvelles formes d'entreprises, axées sur le fait de favoriser l'entrée des femmes dans l'agriculture, sur le dépassement des obstacles juridiques ou statutaires à l'égalité, sur l'enrichissement de la formation pour prendre en compte les besoins respectifs des hommes, des femmes et des couples ainsi que sur l'organisation des temps sociaux.
01/01/2003
146 p.