








À partir d'une veille menée par le Cariforef Pays de la Loire auprès de la presse quotidienne régionale du 14 mars au 31 juillet 2020, voici une rétrospective du secteur de l'Agriculture pendant cette période.
En début de crise et selon Joël Limouzin, le président de la Chambre d'Agriculture des Pays de la Loire, le secteur agricole a craint l'effet domino des arrêts de production et de livraison des fournisseurs (carburant, semences…), mais aussi des fermetures des réseaux de vente des produits agricoles (restauration collective, export…), et de la pénurie de main-d'œuvre encore plus criante qu'à l'ordinaire, alors que la haute saison d'exploitation et de cueillette devait démarrer. Joël Limouzin a alerté : "il faut tout mettre en œuvre pour qu'il n'y ait pas de rupture dans la chaîne de la nutrition animale, ni dans celle de la mise en production des cultures de printemps". Il demande notamment au gouvernement de "créer des passerelles pour que les personnes dont les entreprises ont suspendu leur activité, puissent sortir de leur confinement et travailler chez les maraîchers".
Zoom sur des filières agricoles :
L'horticulture (culture des plantes d'ornement, des jardins ; culture maraîchère, potagère et fruitière, viticulture)
L'horticulture ornementale (53 000 entreprises et 170 000 emplois en France) est la filière agricole la plus durement touchée par le confinement. Avec la fermeture des jardineries (à l'exception du rayon animalerie), des magasins de libre-service agricole et des fleuristes, mais aussi à cause de l'arrêt des chantiers des espaces verts, la filière horticole a été très fragilisée et a privé les exploitations et grossistes de débouchés. Ce coup d'arrêt est intervenu au démarrage du printemps, saison au cours de laquelle la filière réalise 80 % de ses ventes annuelles. Selon l'interprofession Val'hor, "la perte de chiffre d'affaires est estimée à 86 % par rapport à la même période l'an passé". Les 250 pépiniéristes et horticulteurs des Pays de la Loire, premier bassin horticole de France, auraient subi une perte d'exploitation de 150 M€ (1 milliard d'euros à l'échelle de la France).
Cependant, à l'image de l'entreprise le Clos des Roses (49, Villebernier), certains horticulteurs se sont réorganisés pour permettre la vente en ligne, la livraison à domicile et le drive. Mais l'inquiétude a persisté bien au-delà de la fin du confinement avec la possible annulation d'évènements, dont les mariages, un débouché important pour certaines entreprises.
Bigot Fleurs (72, Allones) a dû mettre ses 150 employés au chômage partiel, un effectif généralement porté à 600 personnes au printemps pour la cueillette. L'entreprise a lancé néanmoins ponctuellement 500 recrutements saisonniers pour la période du 14 au 28 avril afin de cueillir le muguet.
Même si la distribution de 60 millions de brins de muguet produits par une quinzaine de producteurs nantais fut menacée par le confinement, la fédération des Maraîchers Nantais a recruté également des contrats courts pour la cueillette, la mise en bouquet et le conditionnement du muguet à compter de la mi-avril. Au 20 avril, seuls 2 000 saisonniers ont été recrutés contre 7 000 en année normale, car la récolte s'est faite sur une base de commandes très faible (70 % de la récolte du muguet laissés dans les parcelles). Avec la crise, les seuls débouchés se sont concentrés dans la grande distribution (qui a diminué ses commandes d'un tiers) et vers quelques fleuristes qui ont organisé un drive. Toute la filière de distribution du muguet court alors le risque d'être durablement déstabilisée, avec la menace de faillites de fleuristes, grossistes et opérateurs.
Petite éclaircie pour les horticulteurs à compter du 1er avril 2020 : Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, annonça que la vente de plants potagers était désormais considérée comme un achat de première nécessité. Concrètement, la commercialisation des semences et plants pour les activités professionnelles et celle des plants potagers à visée alimentaire est alors autorisée sur trois types de lieux : les marchés ouverts, les dispositifs de type drive et dans les rayons de jardineries déjà ouvertes, pour cause d'activité animalière.
À l'inverse de la crise touchant l'horticulture ornementale, la demande explose pour les producteurs de légumes : le groupe Cheminant à Carquefou (44), producteur de concombres et tomates n'a rapidement plus de stock et la coopérative Océane, qui réunit 70 maraîchers nantais, envoie jusqu'à 70 000 colis de concombres, tomates, poireaux ou mâches, contre 40 000 habituellement : des stocks augmentés de 75 % mais entièrement liquidés en fin de la journée. L'adaptation est plus compliquée pour les maraîchers : "il faut attendre que la plante pousse !".
Boom de l'activité également pour les salariés des vergers, notamment dans le Choletais qui n'ont pas compté leurs efforts pour approvisionner au mieux les grandes et moyennes surfaces, un approvisionnement rendu possible par des fruits encore en stock ou importés : "nous avons expédié entre 130 et 140 tonnes de pommes ou poires par jour", témoigne le dirigeant des Vergers de la Blottière, à Chemillé-en-Anjou (49). Aux Vergers de la Tesserie à Montrevault-sur-Èvre (49), 95 % des saisonniers et tous les permanents sont présents pour honorer les commandes.
Pour les vignerons, la vente directe et l'exportation sont touchées de plein fouet : les professionnels révèlent une activité limitée à 35 ou 40 % du niveau habituel. En cause : cafés et restaurants fermés, réunions de famille interdites, événements annulés, œnotourisme inexistant, difficultés à livrer hors du département… alors que la période printanière fait normalement partie des mois de forte activité commerciale. La filière viticole du Val de Loire (900 producteurs, 3 000 emplois) anticipe la perte d'un à deux mois de chiffre d'affaires sur l'exercice en cours : "ce qui n'a pas été bu ne sera pas bu", déplore le président d'InterLoire, l'interprofession des vins du Val de Loire qui comprend 3 700 opérateurs. Dans le muscadet, le chômage partiel ne touche qu'en partie la profession qui reste active dans les vignes. Pour limiter la chute des ventes estimée entre - 70 à - 90 %, des exploitations mettent en place des systèmes de drive ou de livraison. Dans l'Anjou et le Saumurois, les volumes de vins commercialisés par les 900 vignerons ont aussi chuté de 70 % en avril, selon la Fédération viticole Anjou-Saumur. Les situations sont néanmoins disparates d'une entreprise à une autre, en fonction des circuits de distribution, des couleurs de vins et des appellations (débouchés pour la Grande distribution moins impactée contrairement aux ventes vers les cafés-hôtels-restaurants, ventes au caveau et à l'exportation en chute libre). En Vendée, alors que près de 70 % de la production s'écoule normalement chez les cavistes, les restaurateurs, les hôtels et à l'export, la crise sanitaire précipite les problèmes de trésorerie de certains vignerons, déjà impactés par une année 2019 pauvre en quantité. Heureusement, dès la mi-mai, le déconfinement booste les ventes directes aux particuliers qui génèrent une hausse de 10 % du chiffre d'affaires des vignerons jusqu'à l'été, sans pour autant récupérer les méventes du printemps.
Au niveau national, pour venir en soutien de la filière fragilisée, la plate-forme Les Grappes a lancé le mouvement "J'aime mon vigneron".
Portés par l'interprofession Interloire, les vins du Val de Loire mobilisent 1 M€ autour d'un plan de relance qui financera des actions de stimulation des achats à compter de l'été 2020 sur le marché français et à l'export. La filière des vins du Val de Loire aura perdu entre 150 et 200 M€ de chiffre d'affaires en deux mois.
Fédérant 70 producteurs et transformateurs dans la région, les Cidres de Loire annoncent des pertes en mars et avril allant jusqu'à 80 % de chiffre d'affaires. Avec 40 % de leur production écoulée habituellement à travers l'Hôtellerie et la Restauration, les producteurs craignent une amplification de leurs pertes compte-tenu du prolongement de la fermeture de ces établissements.
Les entreprises du paysage
Les entreprises du paysage des Pays de la Loire (1 810 entreprises pour 7 250 actifs) ont progressivement repris leur activité après un arrêt d'activité les deux premières semaines de confinement, sauf celles en lien avec les collectivités et les marchés publics.
Les Entreprises de travaux agricoles (ETA)
Elles se sont adaptées, en intégrant les consignes sanitaires strictes, pour être au rendez-vous des grands chantiers de printemps. Les 21 000 entreprises françaises de travaux agricoles, forestiers et ruraux représentent 120 000 actifs : ce sont pour la plupart des TPE dont l'effectif est inférieur à dix. En revanche, les sociétés d'exploitation forestière, tributaires du secteur du bâtiment, ont été en arrêt plusieurs semaines et ont eu recours au chômage partiel. Seule l'exploitation du bois de trituration pour la fabrication de papier s'est maintenue.
Les dispositifs innovants
Pour écouler les productions agricoles et contrer la fermeture de certains marchés, les circuits courts s'organisent pour offrir une alternative et faire vivre les producteurs locaux : vente directe, drives fermiers ou livraisons de paniers de légumes frais, plusieurs dispositifs se mettent en place pour répondre à une demande locale qui explose. En Anjou notamment, la vie en confinement dans un territoire aux productions légumières importantes a été l'occasion de mettre en place des initiatives (dont "Mangeons loc'ALS" et "Adopte ton maraîcher") pour aider les producteurs et répondre aux attentes des consommateurs.
Néanmoins, les situations divergent d'un producteur à l'autre selon Olivier Lebert, vice-président de la Chambre d'Agriculture de la Sarthe : "ceux qui ont misé sur la vente directe, via des magasins de producteurs par exemple, connaissent un regain d'activité. Mais ceux qui dépendent des collectivités ou des marchés, sans solution de repli, risquent de connaître de grandes difficultés".
Plateformes emploi Agriculture et Horticulture
Les organismes agricoles (notamment l'Association nationale de l'emploi et de la formation en agriculture – Anefa et la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), en lien avec Pôle emploi, se mobilisent autour de la plateforme collaborative desbraspourtonassiette.wizi.farm pour répondre à l'enjeu de pénurie de bras en agriculture (200 000 personnes attendues au plan national d'avril à juin). L'objectif est de mettre en relation gratuitement les employeurs qui ont besoin de main-d'œuvre pour des travaux agricoles (récolte, semis…) et les travailleurs disponibles proches des exploitations. Chaque fois qu'un employeur poste une offre, la plateforme lui propose des candidatures triées sur des critères de disponibilités, de proximité, de centres d'intérêt, voire de qualifications et de compétences. Au 31 mars, 177 000 personnes (dont 30 000 candidats de l'Ouest) ont fait acte de candidature pour prêter main-forte aux agriculteurs, temporairement privés de 70 000 travailleurs saisonniers étrangers. Néanmoins, les 3 500 exploitants inscrits sur la plateforme n'ont pas pu toujours donner de réponse ferme, au vu des incertitudes pesant sur la commercialisation des produits. Pour 300 000 candidats inscrits sur la plateforme, seuls 4 000 ont été recrutés car les candidatures spontanées ont afflué directement auprès des exploitants agricoles sans passer par le portail dédié.
Avec la fin du confinement, les maraîchers notamment ont encore recherché des milliers de saisonniers pour la période de juin à octobre, car les personnes en chômage partiel, venues temporairement gonfler les effectifs, ont repris leurs postes de travail et les saisonniers étrangers des pays de l'Est ou du Maghreb seront peut-être moins nombreux à venir prêter main forte. La profession devait encore avoir besoin de 160 000 personnes en juillet et jusqu'à 190 000 en août et septembre pour les récoltes en arboriculture, le maraîchage, puis en viticulture. Elle sollicitera, prioritairement, les salariés encore à l'arrêt et habitués à des tâches pénibles, comme ceux de la restauration, mais aussi des groupements d'employeurs spécialisés et des associations de migrants, qui arrivent souvent de pays agricoles.
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