


(04/03/2022)






L'impact de la crise sanitaire sur les entreprises et leurs organismes de formation : résultats d'une enquête auprès d'acteurs de terrain fin 2020
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a impacté les entreprises, les marchés de l'emploi et de la formation. De quelle façon les agents économiques y ont-ils fait face, notamment en recourant aux dispositifs publics de soutien et en faisant évoluer leurs pratiques professionnelles ? Cette question est au cœur de l'enquête réalisée fin 2020 pour le compte de la Dares du ministère du Travail de l'Emploi et de l'Insertion dans le cadre d'un appel à projets de recherche soutenu par le Plan d'investissement dans les compétences (PIC). Cette enquête a donné lieu à une cinquantaine d'entretiens semi-directifs avec des responsables de vingt entreprises, choisies pour avoir créé leur propre organisme de formation. Un tel choix a permis de recueillir simultanément des points de vue d'entrepreneurs et d'offreurs de formation sur les transformations à l'œuvre dans leur sphère respective. Ce document en présente les principaux résultats.
L'impact de la crise sur l'activité des entreprises n'a pas été le même pour toutes. L'effet secteur explique cette différenciation mais aussi d'autres facteurs. Être une grande entreprise, être en position monopolistique, être implantée dans un district industriel ou une économie locale dynamiques, ou encore avoir une clientèle diversifiée sont autant de facteurs leur ayan permis d mieux affronter la conjoncture. Si certaines entreprises ont donc été protégées de la récession, d'autres l'ont subi de plein fouet et ont recouru pour la première fois au chômage partiel afin d'éviter des licenciements. Les plus en difficulté ont aussi mis fin de manière anticipée à leurs contrats d'intérim ou CDD et ont bloqué l'embauche d'apprentis. Les TPE/PME enquêtées ont exprimé leur difficulté d'accès aux dispositifs en raison de procédures jugées complexes et d'un manque d'accompagnement dans leurs démarches administratives. Dans ce cas, le rôle de l'expert-comptable ou du service comptabilité a été décisif pour leur accès aux mesures. La distanciation sociale a bouleversé l'organisation du travail. Le recours au télétravail s'est généralisé mais certaines activités à la production ou métiers artisanaux s'en sont guère accommodées, la relation client également. Sans alternative au chômage partiel, les commerciaux d'entreprise ont été une catégorie professionnelle particulièrement touchée. En revanche, les fonctions support et les services après-vente se sont facilement adaptés au travail à distance, ce qui leur a permis une continuité d'action qui a contribué à renforcer leur rôle stratégique au sein de l'entreprise.
Si maintenir l'activité et l'emploi a été la priorité des entreprises enquêtées, la formation continue ne l'a pas été. Dans une majorité de cas, elles ont gelé leur plan annuel de formation, tel que défini fin 2019 ou début 2020. Par ailleurs, elles n'ont que rarement eu recours au FNE formation et n'ont pas incité leurs salariés à mobiliser le Compte personnel de formation (CPF) ou le Conseil en évolution professionnelle (CEP). La mise à l'arrêt de la formation continue par ces entreprises au plus fort de la crise peut s'expliquer par le fait qu'elles ont la possibilité de la faire redémarrer à la demande, grâce à leur propre organisme de formation. Le binôme qu'ils forment leur a offert des avantages réciproques pour affronter les effets de la récession. Du coté des entreprises, celles-ci ont souligné le bénéfice de pouvoir compter sur la réactivité de leur organisme pour former les personnels ou les nouvelles recrues lorsque la sortie de crise sera en vue. Les habitudes de travail du binôme étant rôdées, la formation des salariés y sera rapidement opérationnelle au moment de la relance. Du coté des organismes, ces derniers sont des écosystèmes de formation profilés pour résister aux aléas de la conjoncture. Positionnés sur des niches, ils sont le plus souvent en situation de quasi-monopole. Recevant des commandes régulières de la part de leur entreprise d'origine, ils sont en général peu dépendants d'autres opérateurs extérieurs. Ni sous-traitants ni donneurs d'ordre, ils forment pour leur propre compte avec leurs propres formateurs. Comme pour d'autres organismes, la crise sanitaire a eu pour effet d'accélérer la digitalisation de leurs formations. Leurs formateurs, aussi professionnels salariés de l'entreprise, ont bénéficié d'une protection de leur emploi car lorsque la crise s'est déclarée ils y ont été réintégrés sur leur poste de travail. Ils ont donc connu une situation plus enviable que celle des formateurs de métier d'autres organismes privés. Parfois sous-estimés dans leurs capacités pédagogiques ou leur rôle au sein des jurys, ces professionnels formateurs peinaient jusqu'alors à conquérir une parité d'estime avec leurs homologues formateurs de profession. Contre toute attente, cette conjoncture de crise sanitaire semble avoir créé des conditions favorables pour cette fois en faire les gagnants.
En 2020, entreprises comme organismes de formation ont été confrontés à l'incertitude radicale, annihilant leur capacité d'anticipation. Ils ont alors expérimenté d'autres façons d'agir lorsque leur horizon temporel s'est rétréci et quand l'avenir est devenu une succession de présents. Que leur laissera une telle expérience en héritage ? De même, quels apprentissages retireront-ils du recours à de nouveaux modes de travail, le travail ou la formation à distance, ou à de nouvelles possibilités de réguler l'emploi ? Sur ce point, on peut se demander si en France le chômage partiel rejoindra de manière pérenne la panoplie des dispositifs outillant la politique publique de l'emploi à l'instar d'autres pays européens.
CÉREQ
01/07/2021
104 p.
L'impact de la crise sur l'activité des entreprises n'a pas été le même pour toutes. L'effet secteur explique cette différenciation mais aussi d'autres facteurs. Être une grande entreprise, être en position monopolistique, être implantée dans un district industriel ou une économie locale dynamiques, ou encore avoir une clientèle diversifiée sont autant de facteurs leur ayan permis d mieux affronter la conjoncture. Si certaines entreprises ont donc été protégées de la récession, d'autres l'ont subi de plein fouet et ont recouru pour la première fois au chômage partiel afin d'éviter des licenciements. Les plus en difficulté ont aussi mis fin de manière anticipée à leurs contrats d'intérim ou CDD et ont bloqué l'embauche d'apprentis. Les TPE/PME enquêtées ont exprimé leur difficulté d'accès aux dispositifs en raison de procédures jugées complexes et d'un manque d'accompagnement dans leurs démarches administratives. Dans ce cas, le rôle de l'expert-comptable ou du service comptabilité a été décisif pour leur accès aux mesures. La distanciation sociale a bouleversé l'organisation du travail. Le recours au télétravail s'est généralisé mais certaines activités à la production ou métiers artisanaux s'en sont guère accommodées, la relation client également. Sans alternative au chômage partiel, les commerciaux d'entreprise ont été une catégorie professionnelle particulièrement touchée. En revanche, les fonctions support et les services après-vente se sont facilement adaptés au travail à distance, ce qui leur a permis une continuité d'action qui a contribué à renforcer leur rôle stratégique au sein de l'entreprise.
Si maintenir l'activité et l'emploi a été la priorité des entreprises enquêtées, la formation continue ne l'a pas été. Dans une majorité de cas, elles ont gelé leur plan annuel de formation, tel que défini fin 2019 ou début 2020. Par ailleurs, elles n'ont que rarement eu recours au FNE formation et n'ont pas incité leurs salariés à mobiliser le Compte personnel de formation (CPF) ou le Conseil en évolution professionnelle (CEP). La mise à l'arrêt de la formation continue par ces entreprises au plus fort de la crise peut s'expliquer par le fait qu'elles ont la possibilité de la faire redémarrer à la demande, grâce à leur propre organisme de formation. Le binôme qu'ils forment leur a offert des avantages réciproques pour affronter les effets de la récession. Du coté des entreprises, celles-ci ont souligné le bénéfice de pouvoir compter sur la réactivité de leur organisme pour former les personnels ou les nouvelles recrues lorsque la sortie de crise sera en vue. Les habitudes de travail du binôme étant rôdées, la formation des salariés y sera rapidement opérationnelle au moment de la relance. Du coté des organismes, ces derniers sont des écosystèmes de formation profilés pour résister aux aléas de la conjoncture. Positionnés sur des niches, ils sont le plus souvent en situation de quasi-monopole. Recevant des commandes régulières de la part de leur entreprise d'origine, ils sont en général peu dépendants d'autres opérateurs extérieurs. Ni sous-traitants ni donneurs d'ordre, ils forment pour leur propre compte avec leurs propres formateurs. Comme pour d'autres organismes, la crise sanitaire a eu pour effet d'accélérer la digitalisation de leurs formations. Leurs formateurs, aussi professionnels salariés de l'entreprise, ont bénéficié d'une protection de leur emploi car lorsque la crise s'est déclarée ils y ont été réintégrés sur leur poste de travail. Ils ont donc connu une situation plus enviable que celle des formateurs de métier d'autres organismes privés. Parfois sous-estimés dans leurs capacités pédagogiques ou leur rôle au sein des jurys, ces professionnels formateurs peinaient jusqu'alors à conquérir une parité d'estime avec leurs homologues formateurs de profession. Contre toute attente, cette conjoncture de crise sanitaire semble avoir créé des conditions favorables pour cette fois en faire les gagnants.
En 2020, entreprises comme organismes de formation ont été confrontés à l'incertitude radicale, annihilant leur capacité d'anticipation. Ils ont alors expérimenté d'autres façons d'agir lorsque leur horizon temporel s'est rétréci et quand l'avenir est devenu une succession de présents. Que leur laissera une telle expérience en héritage ? De même, quels apprentissages retireront-ils du recours à de nouveaux modes de travail, le travail ou la formation à distance, ou à de nouvelles possibilités de réguler l'emploi ? Sur ce point, on peut se demander si en France le chômage partiel rejoindra de manière pérenne la panoplie des dispositifs outillant la politique publique de l'emploi à l'instar d'autres pays européens.
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[Thesaurus Centre-Inffo] ENQUETE 81304
[Thesaurus Centre-Inffo] ENTREPRISE 31055
[Thesaurus Centre-Inffo] FAITS SOCIAUX 62033
[Thesaurus Centre-Inffo] ORGANISME FORMATION 26034



